Noms français, noms scientifiques et synonymes
La cascara ou cascara sagrada signifie littéralement en espagnol « écorce sacrée ». Elle tire son nom de l’usage ancestral que les peuples autochtones d’Amérique du Nord faisaient de cette écorce comme remède intestinal.
Son nom scientifique est Frangula purshiana (DC.) A.Gray ex R.C.Cooper, appartenant au genre Frangula, anciennement classé sous le genre Rhamnus, ce qui explique pourquoi on la trouve aussi sous l’appellation Rhamnus purshiana DC. dans certaines sources botaniques.
En français, elle est parfois appelée bourdaine américaine, bien qu’elle ne soit pas à confondre avec la bourdaine européenne (Frangula alnus), une cousine proche de notre flore.
Famille botanique
La cascara appartient à la famille des Rhamnaceae, une famille de plantes souvent laxatives, contenant des anthraquinones, des composés actifs très puissants sur le système digestif, notamment au niveau du côlon.
Description botanique
Frangula purshiana est un arbuste ou petit arbre originaire de la côte ouest de l’Amérique du Nord, principalement des États-Unis (Californie, Oregon, Washington) et du Canada (Colombie-Britannique).
Il peut atteindre 4 à 10 mètres de haut, avec une écorce gris-brun tachetée de lenticelles claires. Les feuilles sont ovales, alternes, finement dentées, et prennent une belle teinte dorée à l’automne. Les petites fleurs verdâtres, peu visibles, donnent des fruits noirs violacés à maturité.
La partie médicinale est l’écorce séchée du tronc ou des branches, récoltée avec soin puis vieillie pendant au moins un an pour réduire son agressivité sur les muqueuses intestinales.
Parties utilisées de la plante
Seule l’écorce séchée et vieillie de Frangula purshiana est utilisée en phytothérapie. Elle contient les principes actifs responsables de l’effet laxatif.
Ni les feuilles, ni les fruits, ni les racines ne sont utilisés à des fins médicinales.
Parties toxiques de la plante
⚠️ L’écorce fraîche de cascara est irritante pour les intestins et peut provoquer vomissements, crampes, diarrhée violente ou déshydratation. C’est pourquoi elle doit obligatoirement être séchée puis vieillie pendant plusieurs mois avant d’être utilisée.
Les fruits sont également considérés comme toxiques en ingestion, en particulier pour les enfants. Ils contiennent des substances à effet purgatif très puissant.
Un usage inadapté ou prolongé de la cascara peut mener à une dépendance intestinale, une perte de potassium ou une fragilité de la muqueuse colique. Elle est donc réservée à un usage ponctuel et ciblé.
Propriétés médicinales et usages traditionnels
1. Laxatif stimulant naturel
La cascara est connue pour être l’un des laxatifs les plus efficaces d’origine végétale, agissant spécifiquement sur le côlon. Ses composés anthraquinoniques (cascaraoside A et B, émodol, aloe-émodol) stimulent les contractions péristaltiques et favorisent le transit intestinal.
Elle agit généralement 8 à 12 heures après la prise, ce qui en fait un remède souvent pris le soir pour un effet au réveil.
2. Régulateur en cas de constipation occasionnelle
Elle est traditionnellement utilisée pour soulager la constipation ponctuelle, notamment liée à des changements d’habitudes (voyages, stress, sédentarité). Elle permet un évacuation douce et complète, à condition de respecter la posologie.
3. Action détoxifiante indirecte
En facilitant l’élimination des selles, la cascara soutient les fonctions d’élimination des toxines du corps et peut être utilisée dans le cadre d’une cure détox courte, toujours sous supervision.
4. Préparation du côlon
Dans certaines pratiques traditionnelles et même en milieu clinique ancien, la cascara était utilisée pour préparer l’intestin à certains examens médicaux ou opérations, grâce à son action rapide et efficace.
Préparations et modes d’utilisation
Décoction de cascara
- 1 cuillère à café d’écorce séchée (et vieillie)
- 250 ml d’eau froide
- Porter à ébullition et laisser frémir 10 à 15 minutes
- Filtrer et boire le soir
👉 Utiliser ponctuellement (pas plus de 8 à 10 jours), en cas de constipation. Boire beaucoup d’eau pendant la cure pour accompagner l’effet laxatif.
Teinture-mère de cascara
- À prendre diluée dans un peu d’eau, selon les recommandations d’un professionnel
👉 Agit plus rapidement que l’infusion ; à réserver aux cas résistants.
Gélules ou comprimés
Les extraits standardisés de cascara sont disponibles en pharmacie ou herboristerie, sous forme de compléments, souvent associés à d’autres plantes digestives (rhubarbe, séné, fenouil).
⚠️ Déconseillé aux femmes enceintes, allaitantes, aux enfants, aux personnes âgées fragiles ou souffrant de maladies intestinales chroniques (Crohn, rectocolite, etc.).
Culture et récolte
La cascara pousse naturellement dans les forêts humides des montagnes de l’ouest nord-américain. Elle préfère les sols acides et riches, et l’ombre partielle.
L’écorce est prélevée au printemps ou en début d’été, lorsque la montée de sève permet de la détacher facilement. Elle est ensuite séchée et stockée pendant 12 mois minimum, à l’abri de l’humidité.
Remarques d’herboriste
La cascara fait partie de ces plantes à manier avec rigueur et discernement. Elle est puissante, utile, mais n’est ni anodine ni adaptée à un usage quotidien. Elle offre une solution naturelle précieuse à condition d’en respecter les précautions.
Dans l’esprit Natur’all, elle n’est jamais une solution de confort, mais un outil ponctuel pour relancer un organisme engorgé, accompagner une transition, ou sortir d’un blocage digestif passager. En aucun cas un substitut à une hygiène de vie équilibrée.
Conclusion
La cascara (Frangula purshiana) incarne le pouvoir des arbres médicinaux de la tradition amérindienne. Remède intense et profond, elle agit là où d’autres plantes sont parfois trop douces.
À condition d’être bien utilisée, elle soulage, relance et libère. Mais elle nous enseigne aussi la prudence, le dosage, et l’importance d’accompagner le corps avec bienveillance, non par la force, mais par la justesse.
🌿 Un purgatif sacré, à respecter comme tel.